Photographe - Globe-Trotter
Livraison Gratuite dès 50€ d'achat
Publié par Tom Piaï le 12 avr. 2020
Il était temps que je vous décrive l'un de mes voyages. L’extrait dont je vais vous parler a été effectué en 2016. Pour ce premier récit, vous allez découvrir le parcours que j’ai emprunté lors d’un trek dans le Nord du Laos, en Asie du Sud-Est. Durant deux jours, j’ai arpenté des sentiers de campagnes et des forêts dans ce pays magnifique pour aller rencontrer des ethnies vivants dans des villages isolés. Laissez-vous tenter par l’aventure en vous glissant dans mes pas.
En ce qui concerne cette chronique, j'ai conscience de ne pas avoir le talent d’écriture de Sylvain Tesson, ni le don pour le suspense d’Arthur Conan Doyle et encore moins l’imagination de Jules Verne. Mais ce que je vais vous raconter, je vous l’exprime avec mes propres mots et de la façon la plus proche de la réalité. Il est important pour moi que vous commenciez à connaître ma façon de voyager et peut-être ressemblera-t-elle à la vôtre...
Pour cette aventure, je suis parti d’une petite ville dans le Nord du Laos qui se nomme Luang Namtha. Elle se trouve à quelques kilomètres de la Chine dans le parc National du Nam Ha et dans le fameux triangle d’or (Région montagneuse de l’Asie qui regroupe Le Myanmar, la Thaïlande et le Laos où l’on retrouve de nombreuses ethnies vivant près des rizières avec une végétation dense. Elle est également une des régions du monde où les plantations d’opium sont les plus importantes).
Je suis passé par une agence locale pour pouvoir être dirigé à travers la faune et la flore sauvage jusqu’aux villages reculés. L’équipe était constituée de Thong et Varth (mes guides), un autre accompagnant ainsi 3 voyageurs comme moi (un couple argentino-coréen et un Indien). Le point de départ de l’excursion s’est fait tôt le matin à l’agence située dans la rue principale de la ville où nous avons tous pris un songthaew (camionnette avec deux bancs à l'arrière) pour le marché. Cette première étape nous a permis de prendre de la nourriture pour les 2 jours mais aussi de découvrir quelques surprises (plus ou moins appétissant selon votre sensibilité, je vous épargne les photos de chauve-souris et la viande de chiens). On peut trouver de tout dans ces marchés et l’hygiène n’est toujours pas au rendez-vous.
Le trek que j’ai choisi a duré 2 jours avec une nuit chez l’habitant dans un village. Ce genre d’hébergement est très contrôlé pour ne pas que le tourisme renverse complètement les cultures locales en devenant un business qui serait irréversible pour la vie des minorités ethniques.
Ce parcours a donc débuté à Luang Namtha, puis nous avons pris un songthaew qui nous a emmené à 30 min de la ville pour débuter le trek. Nous sommes partis avec 3 litres d’eau en bouteille chacun (cela rajoute encore un peu de poids) pour tenir les 2 jours. Évidemment, il n’y a pas d’eau potable dans les villages, ni même d’électricité. Voilà pourquoi nos sacs ne devaient pas être trop chargés inutilement sinon cela allait rajouter de suite un peu de difficulté au parcours. Et il n’y avait pas besoin de cela quand on a vu à quel point le sol était détrempé rendant la progression difficile. Nous étions en pleine saison des pluies avec de nombreuses averses les jours précédents. Le terrain était boueux et les pentes étaient glissantes et dangereuses. Le top départ à été donné et c’est par une colline abrupte que nous avons commencé la marche. Étant dans les montagnes, nous avons enchaîné les dénivelés durant plusieurs heures, alternant entre les sentiers de forêts en bambous, les montées escarpées où les arbres étaient des aides précieux pour nous hisser ainsi que des passages de cours d’eau sur des troncs en équilibre et des rizières verdoyantes.
La première pause repas s'est faite à l’abri sous des arbres. Nous avons repris la route par la suite pour trois heures de marche supplémentaires sous la pluie (les grandes feuilles font de très bons parapluies). L’arrivée au premier village appelé Ban Nalan où vit l’ethnie des Khmu s’est faite en milieu d’après-midi. Nous avons enfin pu poser nos affaires et prendre une douche. Enfin, quand je parle de douche, je veux dire se rincer. Dans ces villages retirés, cela ressemble à un seau dans lequel coule l’eau de pluie avec une casserole pour se laver. Tout cela accompagné d’araignées qui décorent les lieux. Après tout, je voulais une aventure sauvage, alors je l’ai eu. Par la suite, j'ai pu aller à la rencontre des locaux et j’ai ainsi réalisé plusieurs portraits comme la doyenne ou le fumeur de pipe.
Que de belles rencontres qui m’ont permis de faire la distribution de dons que j'avais emmené de France. Les enfants des 45 familles indigènes ont accouru de tout le village pour récupérer leur cadeau, les yeux remplis d’étoiles. Il est courant que lors de mes voyages, je charge dans mon sac des dons comme je l’ai expliqué dans mon précédent article.
J'ai partagé des instants privilégiés qui m'ont permis d'apprendre leur mode de vie : ils vivent de ce qu’ils cultivent et de leurs élevages, ils se lavent et font leur lessive dans le cours d’eau qui passe en bas du village et ils dorment dans des maisons rustiques sur pilotis en bambou et en bois.
Mon après-midi s'est terminé en faisant le tour de la place et en observant les habitants s'activer dans le village. Le soir, entouré de mes guides, nous avons pris notre repas dans la maison du chef puis nous sommes allés nous coucher de bonne heure.
Réveillé tôt par les bruits du village, j'ai pris mon petit-déjeuner et après avoir préparé mes affaires, nous avons fait nos adieux pour continuer vers un nouveau village. Les gens étaient vraiment contents de mon passage parmi eux. Cela leur avait permis de rencontrer un voyageur vraiment intéressé par leurs coutumes. Nous avons repris notre parcours en suivant de nouveaux chemins, offrant une vue imprenable sur les rizières, et en découvrant des espèces de la faune locale. Nous sommes arrivés au village de Ban Namkoy en fin de matinée.
J'ai découvert une école où les enfants de tous âges apprennent à lire et écrire. C'était vraiment fantastique de pouvoir observer ces écoliers heureux d'étudier et c'est un droit universel pour tous les enfants. Les élèves étaient attentifs à leur leçon jusqu'à mon arrivée qui en a distraient plus d'uns. J'ai alors distribué des trousses remplies de crayons avec quelques cahiers et j'ai poursuivi ma route.
Après cela, j'ai eu l'occasion de faire une nouvelle distribution de vêtements : tee-shirts, shorts et même des boxers. Ces dons ont été précieux auprès de certains bambins qui courraient presque nus autour de nous. Ce fut un vrai moment d'échanges avec les villageois. Les femmes n'en revenaient pas de ce que je sortais de mon sac, on ne leur avait jamais autant offert de vêtements avant cela (je remercie encore les personnes qui m'ont permis d'avoir ces habits avant mon départ en voyage).
Nous avons ensuite été invités à manger dans une maison où un repas local nous attendait. J’ai pu rencontrer une nouvelle ethnie qui se nomme les Lantan. De la grand-mère à la petite fille, elles étaient vêtues d’une tunique noire avec une touche de couleur (composée de longs fils). Sous le charme de la plus petite, sa mère m’a autorisé à faire des photographies d’elle. Un moment de bonheur et d’échanges ont permis de créer une vraie relation de confiance.
Parlant un anglais courant, j'ai pu avoir de bons échanges avec les guides qui m'ont mené à travers les sentiers battus pour me diriger vers les villages. Ils ont joué le rôle d’interprètes afin que je puisse communiquer avec les ethnies. Ils ont été aux petits soins avec moi pour que mon excursion se passe au mieux. Ils m'ont fabriqué un bâton de marche avec une tige de bambou et ils m'ont donné des conseils précieux pour m'aider à traverser des passages difficiles. De plus, ils nous ont préparés à manger ce qui nous a laissé du temps pour discuter de nos modes de vie respectifs. Utiliser un guide en voyage pour rencontrer des minorités ethniques est indiscutable d’après mon retour d’expérience. En parlant leur langue, ils permettent de réduire cette distance qu'il existe avec les locaux. Ils connaissent leurs habitudes, leurs traditions et nous permettent de nous familiariser avec eux plus rapidement.
Me rendre dans des villages ethniques m’a permis de pouvoir réaliser des dizaines de portraits. Plus tôt dans mon voyage au Laos, j’ai eu la chance d’être logé par un Laotien qui parlait français. Je lui avais alors demandé de me traduire une phrase que j’avais écrit au préalable. Elle disait que j’étais un photographe français et que je souhaitais réaliser des portraits. Après avoir lu le mot, ils pouvaient comprendre ce que je voulais réaliser avec eux. C’est avec beaucoup de sympathie et de curiosité que ces personnes ont accepté que je les photographie dans leur environnement quotidien. Nous avons passé des moments complices que je n’oublierai jamais. Au début toujours timide, elles se sont laissé aller après avoir vu les premières photos sur l’écran de mon appareil. Pour elles, apercevoir leur visage était une découverte et un véritable plaisir. Ces autochtones ont très peu de rapports avec leur image, ils ne se maquillent pas et n’ont pas de miroir pour se contempler. Au final, ils ont une vision détachée de leur apparence.
Cependant, ils arborent des tenues traditionnelles pleines de couleurs pour signaler leur appartenance à leur ethnie d’origine. C’est pour cela, qu’ils ont cette beauté naturelle qui renvoie une certaine émotion dans leur regard.
A l'aide de mon Nikon, je prends plaisir à photographier de jeunes enfants intrépides et souriants ainsi que des personnes plus âgées aux rides creusées mais pleines de malice et de sagesse.
Je vous invite donc à découvrir ma série de portraits réalisée dans ces villages du Laos.
Après avoir pris le repas du soir à la tombée de la nuit, je suis allé me coucher chez un habitant du village de Ban Nalan. Cette maison, faite en bois et en bambou, surélevée permet d’héberger une famille de 6 personnes. La couchette qui m’était destiné était composée d’une simple couverture directement posée au sol ainsi que d’une moustiquaire pour ne pas me faire dévorer toute la nuit. Il est courant que les insectes sortent durant cette période-là pour laisser de belles piqûres aux voyageurs. C’est donc à la lumière frontale que j’ai regagné ma couchette avec mon sac à dos. J’ai passé une nuit... Un peu particulière. Entre le scarabée qui m’attendait sur mon duvet et les bruits extérieurs, je me suis réveillé aux aurores avec le chant des coqs, les aboiements des chiens et le va-et-vient des villageois. Dormir comme les locaux permet de prendre du recul sur notre confort de vie et d’avoir des réflexions plus poussés sur nos besoins quotidiens.
Pour notre premier repas, la table a été dressée par nos guides. Ils avaient disposé des grandes feuilles de bananiers à même le sol en guise de nappe et tous les aliments étaient étalés dessus. Comme les chevaliers de la table ronde, nous nous sommes disposés en cercle pour déguster la nourriture locale. Au menu : riz façon « sticky rice » (comprenez le riz gluant), bananes, galettes frits, pâtes de riz avec légumes et bien sûr des piments.
Le deuxième repas, nous l’avons pris dans la maison du chef du village vers 18 heures, peu avant la tombée de la nuit. Sans électricité, le village s’endort de bonne heure pour se lever tôt le matin. Nos guides nous ont préparé du lap de poulet avec de la sauce tomate, du Sticky Rice, des légumes au wok, puis des bananes en dessert. Ce soir-là, nous avons pris une bière locale ainsi qu’un shot d’alcool de riz offert par les habitants. Même le petit-déjeuner du lendemain était composé de riz car ici, il est consommé à chaque repas.
Enfin, le troisième repas nous a été préparé par des femmes appartenant à l’ethnie des Lantan dans le dernier village du périple. Nous avons eu droit à du poulet et du riz. Ce midi-là, je n’avais pas très faim et j’ai préféré prendre le temps pour aller faire une série de portraits d’une petite fille habillée en tenue traditionnelle.
Après avoir pris le dernier repas de l’expédition, nous avons continué notre route durant trois heures. Nous avons franchi successivement deux collines vertigineuses avec des sols toujours aussi glissants. J'ai également découvert le plaisir des sangsues qui se collaient à mes jambes quand je passais dans les hautes herbes. C’est à bout de force et les jambes bien lourdes que nous avons fini par arriver en milieu d’après-midi où un tuk tuk nous a ramené à l’agence. Après avoir remercié chaleureusement mes guides, je suis rentré à l’hôtel pour sceller la fin de cette belle aventure.
J’ai eu la chance de pouvoir faire plusieurs treks pendant mes voyages, notamment en Asie, et chacun d’eux m’a apporté énormément de satisfaction. Par la rencontre de peuples ethniques mais surtout par les échanges humains avec des personnes ouvertes d’esprit qui m’ont accueilli avec énormément de respect. Si vous aussi vous souhaitez réaliser de telles rencontres, renseignez-vous pour partir avec des guides locaux qui vous permettront de vivre des moments uniques et qui seront gravés à jamais dans votre mémoire.
Si cet article vous a plus, merci de me laisser un commentaire juste en dessous pour me donner votre ressenti ou vos questions 🙏🏻
← Article précédent Article suivant →
Encore un plaisir de te lire ! Merci pour ce partage d’expérience magnifique !
Magnifique récit mon ami! Tu m as donné envie d’y aller 🤙
Merci pour ce très bel article résumant votre trek et vos rencontres. Vos photos sont magnifiques. J’ai réalisé un trek en janvier dernier au nord Vietnam vers Sapa et j’ai eu beaucoup de similitudes avec votre trek: rencontre avec les groupes ethniques locaux, paysages de rizières, sol glissant, rencontre des locaux(enfants et personnes âgées habillés de tenues traditionnelles ), nuit chez l’habitant dans un vrai lit, mais constituée d’une planche de bois recouverte d’un drap de flanelle)..j’ai très envie d’y retourner et cette fois passer par le Laos et le Cambodge…c’était mon 1er voyage en Asie et il me tarde d’y retourner…bravo pour vos photos…cordialement Delphine Martin
Très joli récit et un joli voyage !
Très bel article qui donne envie de trekker. Merci Tom
Veuillez noter que les commentaires doivent être approuvés avant leur publication.